Pour un journalisme de suivi

Le 4 juillet 2010

Le point sur l'enquête menée par Propublica avec le Los Angeles Times sur les faiblesses du contrôle des infirmières en Californie. L'affaire n'a pas été lâchée une fois les révélations faites.

Vous aviez été nombreux à vous intéresser à l’enquête exemplaire menée par Propublica en partenariat avec le Los Angeles Times sur les faiblesses du contrôle des infirmières en Californie. Je vous en donne donc quelques nouvelles. Petit rappel : les révélations publiées étaient fondées sur la constitution et l’exploitation d’une base de données sur les infirmières sanctionnées pour des abus (négligence, abus sexuels, usage de drogue, criminalité) dans d’autres États mais autorisées à pratiquer en Californie, par manque de contrôle. Très vite, ce scoop avait fait tomber des têtes. Oui mais ensuite ? Et bien ce n’est pas fini.

C’est tout l’intérêt de cette enquête que de nous proposer un journalisme de suivi, qui ne se contente ni de l’incantation, ni de la dénonciation, mais qui suit les faits, au fil du temps.

Un récent article publié sur le site de Propublica nous apprend que le conseil des infirmières enregistrées (California’s registred nursing board) a découvert que 3500 de ses infirmières (donc autorisées à pratiquer!) avaient été punies dans d’autres États. Près de 2000 vont désormais devoir faire face à des procédures disciplinaires : c’est plus que le nombre total de procédures disciplinaires engagées durant les quatre dernières années !

Un suivi des conséquences de l’enquête

Gare au Schwarzie /-)

Le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger avait démis une bonne partie du Conseil des infirmières enregistrées après publication des révélations de Propublica.

Mais l’affaire est loin d’être terminée, comme l’expliquent bien les auteurs qui assurent un suivi pointu de leur enquête. Réduire la durée nécessaire pour traduire un soignant négligeant constitue un gros défi, l’objectif des autorités californienne étant de faire passer ce délai de plus de trois ans à moins de dix-huit mois. Difficile à tenir alors que l’enquête Propublica/LA Times a donc révélé 2000 cas qu’il faut désormais instruire!

Et pour assurer que de telles dérives ne se reproduisent pas à  l’avenir, un autre défi doit être relevé : celui d’une meilleure circulation de l’information entre les États américains, qui ne pratiquent pas tous le même type de contrôle sur leurs infirmières.

Une enquête vraiment multimédia

Pour finir, petit récapitulatif des composants de cette enquête épatante qui, si elle est effectivement longue à lire, tire aussi partie des potentialités d’Internet (clin d’oeil appuyé à Eric Mettout qui avait tapé il y a quelques temps sur une autre enquête de Propublica) :

  • le reportage complet
  • la « recette » du reportage pour le reproduire dans d’autres Etats
  • la base de données des infirmières sanctionnées depuis 2002
  • Des présentations multimédia de cas particuliers d’infirmiers coupables d’abus (ici et ici par exemple)
  • Des graphiques analysant la durée prise pour qu’aboutisse les procédures disciplinaires
  • Des diaporamas audios sur des victimes d’abus (par là et par ici)

Billet initialement publié sur Mon journalisme sous le titre “Les (méchantes) infirmières californiennes sont de retour !”

Image CC Flickr bbcworldservice

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